ECOLOGIE
Port : les Verts s’en mêlent
mercredi 14.03.2012, 14:00
La sénatrice d’Europe Ecologie Les Verts Marie-Christine Blandin, en visite à Boulogne-sur-Mer sur invitation des élus écologistes du Boulonnais, a abordé plusieurs thèmes qui lui sont chers tels l’éducation, l’environnement mais aussi les dossiers portuaires.
Une pierre de ferromanganèse dans la main trouvée au pied des éoliennes, vestige de l’ancienne Comilog, la sénatrice commence son propos. « Nos responsables manquent cruellement d’imagination. Il y a mieux à faire, en terme de dépollution, que de balancer des remblais qui contiennent des métaux lourds un peu n’importe où, comme ici. Il n’y a eu aucune évaluation, aucun traitement.
Bref, on ne sait rien. » Pour l’ancienne présidente du conseil régional Nord/Pas-de-Calais, il y avait mieux à faire. Comme développer la phyto-remédiation. Pour faire simple, il s’agit d’utiliser des plantes qui vont absorber et concentrer dans leurs parties récoltables (feuilles, tiges) les polluants contenus dans le sol. Le plus souvent, les plantes sont récoltées et incinérées ; les cendres sont stockées ou valorisées pour récupérer les métaux accumulés. « Nous pourrions développer un véritable pôle de recherche et, bien plus, créer une filière pourvoyeuse d’emplois. Pour l’heure, on en est réduit à des bouts de chandelle. Et il s’agit d’emplois qui ne seraient pas délocalisables. 50 % des friches industrielles sont situées en Nord/Pas-de-Calais. »
Réserves
sur l’aquaculture
Un rapide regard sur le hub port, flambant neuf mais désespérément vide. « Il n’y a eu aucune réflexion d’ensemble sur ce dossier. On ne peut pas investir partout pour tout faire. C’est comme si, demain, Calais se mettait à développer la pêche. Ces nouvelles infrastructures, c’est un investissement gâché. » Quant à l’autre moitié du site de l’ex Comilog, dévolue aux entreprises, la sénatrice n’y est pas opposée, « à condition de ne pas répéter les erreurs du passé. Par exemple, rien n’a été pensé en terme de flux de camions. » Autre projet qui fait réagir l’élue verte, celui de l’aquaculture. Là aussi, Marie-Christine Blandin émet de nombreuses réserves. « Développer l’aquaculture nécessite l’utilisation de farines animales, issues notamment d’espèces de poissons que l’on ne consomme pas. C’est complètement stupide d’entraver ainsi un maillon de la chaîne alimentaire. » Il existe bien des ressources végétales mais la sénatrice craint que ne soit alors utilisé du soja, « organisme génétiquement modifié en provenance d’Amérique du Sud. » En outre, il n’y aurait aujourd’hui « aucune aquaculture qui n’utilise pas d’antibiotiques. » Un vrai sujet de santé publique selon les Verts. « L’utilisation d’antibiotiques dans les élevages et donc, dans notre alimentation, n’est pas sans conséquences sur la santé de nos concitoyens. Ce n’est pas un hasard si nos organismes s’habituent de plus en plus aux antibiotiques. Certains pays, comme le Danemark ont pris ce sujet à bras le corps, en diminuant fortement, voire en interdisant leur utilisation dans les élevages. Cette politique a déjà des effets bénéfiques sur la santé dans le pays ! » Après ce tour d’horizon de quelques sujets portuaires, la délégation s’est ensuite rendue devant les grilles du lycée Professeur Clerc à Outreau, pour y rencontrer des enseignants syndicalistes. Ce lycée a perdu depuis l’année scolaire 2007/2008, une soixante d’élèves et 10 postes de professeurs. Six postes pourraient être supprimés lors de la rentrée 2012/2013. Ensuite, au siège de la Ligue des Droits de l’homme s’est tenue une réunion publique sur ce même thème de l’éducation.
Stéphane DANGER
« Le transmanche à Boulogne, c’est clairement un investissement gâché ! »
Marie-Christine Blandin